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  • La Raison du plus faible
  • France, Belgique -
  • 2005
  • Réalisation. Lucas Belvaux
  • Scénario. Lucas Belvaux
  • Image. Pierre Milon
  • Montage. Ludo Troch
  • Musique. Riccardo Del Fra
  • Producteur(s). Patrick Sobelman, Diana Elbaum
  • Production. Agat Films & Cie, Entre Chien et Loup
  • Interprétation. Éric Caravaca (Patrick), Natacha Régnier (Carole), Lucas Belvaux (Marc), Patrick Descamps (Jean-Pierre), Claude Semal (Robert), Élie Belvaux (Steve), Gilbert Melki (le ferrailleur).
  • Date de sortie. 19 juillet 2006
  • Durée. 1h30
  • voir la bande annonce

La Raison du plus faible

Le monde des truands est un milieu que Lucas Belvaux a déjà exploré dans Cavale. deuxième volet de sa trilogie sortie en 2001. Mais tandis que Cavale se centrait sur Bruno, activiste évadé de prison, La Raison du plus faible s’empare de tout un groupe de désÅ“uvrés, réunis autour de Marc, un ex-détenu, interprété par Belvaux lui-même. Le trio de braqueurs à la petite semaine, constitué de deux anciens ouvriers métallurgistes et d’un jeune diplômé au chômage, permet à Lucas Belvaux de raconter la préparation d’un casse de l’intérieur, en examinant les raisons de chacun, ses motivations, offrant ainsi, sur les bases d’un film policier, une analyse sociale et une réflexion sur la condition humaine.

Patrick (Éric Caravaca) est un jeune diplômé qui, faute d’avoir trouvé du travail, est devenu homme au foyer, avec un fils de dix ans et une femme (Natacha Régnier) qui travaille à l’usine. Quand la mobylette de Carole tombe en panne, c’est une humiliation pour Patrick, qui n’a pas les moyens de lui en offrir une autre. Pour l’aider, ses amis, qui rêvent eux aussi de sortir de leur condition, jouent au loto. Point de gain, mais la nécessité de se faire une raison, la raison du plus faible, qui n’aura d’autre solution que de prendre l’argent là où il est. L’idée du casse fait alors son chemin. Avant cela, Lucas Belvaux aura pris le temps de s’attarder sur chacun des personnages séparément, de décrire leur condition, leurs problèmes, avant de tous les réunir dans la même galère. Le début du film fonctionne donc comme des parcelles de récit sans lien – ou presque – entre elles (l’un travaille dans une usine de bière, l’autre en boit, par exemple), de manière à suggérer que la réunion qui va se produire ensuite n’est que la somme d’un certain nombre d’individualités.

Si l’on adhère à cette histoire de casseurs improvisés, c’est certainement parce que le film prend résolument le parti de placer le spectateur à la place des protagonistes. Une scène en particulier en est emblématique: il s’agit de la scène dans laquelle Marc demande à Robert d’imaginer une scène de casse, en lui faisant vivre les événements, rien que par la parole, comme s’il y était, comme s’il avait effectivement une cagoule sur la tête, un fusil chargé dans les mains et des policiers prêts à riposter. Durant toute la scène, Marc tourne autour de Robert, qui est sans cesse recadré en gros plan. Il vit la scène, ainsi que le spectateur, qui prend conscience qu’un casse, ce n’est pas seulement quelques paroles intimidantes et de l’argent fourré dans un sac, mais surtout une angoisse énorme et des choix cruciaux à faire. «C’est avant d’y être qu’il faut que tu saches jusqu’où tu veux aller», crie Marc à Robert.

S’ils vont jusqu’au bout, c’est parce qu’ils n’ont plus rien à perdre. Chacun des personnages est conscient de l’impasse dans laquelle il se trouve. Dans ce paysage urbain, où les usines et les tours sont omniprésentes, chacun a des raisons de vouloir s’évader. Pour Jean-Pierre, ancien ouvrier en fauteuil roulant, le risque vaut le coup d’être pris car il n’attend plus rien de la vie. Patrick, lui, voudrait offrir une meilleure vie à sa femme et son fils. Pour Robert, cet argent, issu de la vente de l’acier provenant de la destruction de leur usine, n’est qu’un juste retour des choses, une compensation pour la vie qu’on lui a prise en délocalisant l’usine. Belvaux émaille en effet son film de considérations sociologiques qui le font verser dans la contestation, tempérée par le récit et le suspense qui s’installe, mais cependant bien présente. Tout le film n’est en effet que le croisement de deux mouvements contradictoires, celui de la société et celui des individus. Comme cette grille et ces machines qui avancent dans des directions opposées dans l’ouverture du film, les personnages, refusant de suivre le mouvement imposé, vont se mettre au ban de la société.

Lucas Belvaux s’inscrit ici véritablement comme un observateur, aussi bien des événements que des sentiments. La caméra aérienne qui balaye la ville à la fin du film prend le recul nécessaire permettant au film de ne pas tomber dans le misérabilisme et l’apitoiement. Natacha Régnier et son fils ne sont plus que de petits points perdus dans l’immensité de l’espace. En de nombreux autres endroits, des rêves naissent et des casses se préparent, semble nous dire la caméra de Belvaux.

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